Association de
Personnes ... Associations de Malades ...
QUELLE ÉTHIQUE POUR QUELLE ACTION ?
Intervenir dans un contexte où le débat est
présenté comme un moyen de faire connaître ses désirs, sa vie, ses choix
est
nécessairement lié à une ou des règles imposées ou choisies.
Imposer ou simposer ne peut être la meilleure façon pour convaincre.
Plus simplement, soumettre à une pression ponctuelle ne permet pas despérer un
avenir serein donc durable.
La montée dun courant didées, la défense dun objectif, la mise en
cause déléments établis, et tout ce qui fait que le mot
« évolution » a un sens, ne peuvent se faire de façon inopportune.
Chaque société a, au fil des temps, défini un code déchange dinformations.
Ce code répond à différents facteurs et respecte un langage, une hiérarchie, des
connaissances spécifiques
Il nest pas impossible de ne pas suivre ce
« protocole », il est sûrement préférable de sy intégrer.
Expliquer, se faire comprendre, se faire accepter passent par une véritable écoute. Une
structure informelle sétablit, base indispensable à une pérennité de léchange.
La forme de laction est là tout à fait primordiale, respectant les strates de la
société, faisant évoluer la compréhension avant de penser :
« convaincre ». Lévidence est que laction doit être
« compatible » pour sintégrer au débat qui nous concerne.
A cette action sapplique donc, tacitement, une certaine éthique qui, dans ce cas, sapparente aux règles de notre vie collective.
Cest de ces
« valeurs » préalablement déterminées et/ou seulement de limites
prédisposées, que la logique de laction pourra sétablir. Sempresser
de prouver lexistence et la valeur de sa réalité, avant de mettre en forme le
contenu et avant dy mettre les formes, aboutira à ce que cette action nait
pas la pertinence requise pour toucher les interlocuteurs souhaités.
Sans prendre un temps trop long pour celui qui attend, il ne faut pas faire léconomie
de ce temps.
Nous devons également situer notre
existence dassociation de malades au sein des associations de malades qui existent.
Nous ne pouvons parler au nom des autres et ne pouvons nier la réalité des autres dans
ce débat. Les mots peuvent recouvrir différents sens, représenter plusieurs images,
amener lincompréhension si on ne prend pas garde de déterminer une échelle de
valeur à ces mots.
Nous-mêmes devons être des plus naturels et ne pas nous comporter selon une image quil
nous plairait de voir véhiculer.
Enoncer une situation, la montrer au-delà de ce quelle peut être perçue, crée lincompréhension
et est source de défiance.
Le récit du handicap peut être le même quel que soit le handicap ; cest dabord
ce que le malade perçoit de son handicap qui le fera sexprimer en terme dintensité.
Une association de malades doit rester psychologiquement neutre et doit sexprimer en
des termes, au plus près de la réalité, adaptés à la réalité. Elle doit tenir
compte de ce que les mots vont transmettre et de ce quils définiront comme
« image » du malade. Il faut, sans cesse, rester dans lesprit de la
« réalité comparative ». Cette réalité comparative doit nous permettre dadapter
nos propos en fonction des autres origines dun handicap généralement plus
flagrant. Notre environnement social, professionnel, médical
ne voit pas toujours
en nous ce que certains en disent. Limpression qui découle de quelques propos, si
ceux-ci nexagèrent pas une situation particulière, ne peut être généralisée.
Il savère indispensable que ceux qui prétendent défendre ou représenter ces
malades tiennent un langage sans ambiguïté, langage que tout le monde peut comprendre,
sans quil engendre des impressions qui ne se vérifient pas.
Laction associative peut se situer à trois niveaux :
ü Le niveau qui sadresse directement aux malades se doit de respecter ce malade pour ce quil est, une personne avant un malade. La parfaite discrétion simpose tant sur le plan de létat de santé que sur la vie privée de chacun dentre nous. Le danger des questionnaires « médicaux », proposés par des associations, est patent. Personne, au sein dune association, nest généralement en droit ni na la qualité de consulter ce genre de questionnaire. Les coordonnées du malade sont mentionnées, les questions sont souvent posées de façon orientée, les réponses sont invérifiables. Tous ces éléments doivent amener à la prudence. Si, en association, cette prudence nest pas strictement appliquée, elle sera réclamée par tous ceux qui seraient appelés à participer à nos actions. Le sens des responsabilités des membres dune association de malades est primordial. A défaut, la méfiance sinstalle et ces méthodes de « questionnement » ne peuvent que nuire à lavenir de nos démarches associatives. A ce niveau, et avant même de parler déthique, il est essentiel que la règle législative soit strictement appliquée.
ü Laction
auprès des médecins est un élément très sensible pour une association de malades,
surtout si lassociation est confrontée à un manque de connaissances spécifiques
de cette maladie. Nous ne pouvons et devons, à aucun moment, faire abstraction dune
certaine hiérarchie de « savoir » en la matière. Notre place sera nette,
sans ambiguïté : se tenir à lécart dun débat de pouvoir.
Nous pouvons aider à la transmission des informations chaque fois que celles-ci seront
validées par des médecins spécialistes. Aucune information sur la maladie ne peut être
valable sans quelle némane dune structure ou de personnes reconnues
compétentes, sans quelle ne soit vérifiée, validée. Inonder les médecins de
documentations, aussi diverses que non vérifiables, aboutit le plus souvent à un rejet
global, ce qui efface leffet dune parfaite communication.
ü Laction
auprès des pouvoirs publics ou instances telles que CPAM, Médecine du travail, COTOREP,
Ministères, Assemblée Nationale
doit être parfaitement limitée aux
responsabilités de chacun. Trop souvent il est constaté que telle personne, sur conseil
dune association, se trompe dinterlocuteur. Frustration, retard dans lévolution
des dossiers sont les seuls retours pour le malade. Des actions personnelles, abusivement
étiquetées associatives voire au nom de pseudo regroupement dassociations, sont
également menées. Ne soyons pas dupes ; nos interlocuteurs, ainsi contactés, ne le
sont pas. Tout ce « tapage » ne laisse rien quune impression pour le
moins dincompétence, si ce nest dautre chose.
Sans vouloir faire de ce texte un
lexique du bon usage de lassociation, il apparaît clairement que toute action, tout
comportement dans le cadre associatif doivent être précédés dune intense
réflexion sur les modalités de réalisation, sur lusage qui en sera fait, sur les
limites qui seront données à cette réalisation.
La volonté de créer une entité nationale existe réellement au sein des malades ;
il est de la responsabilité des associations actuelles et futures de dresser les plans de
cette structure pour quelle puisse être représentative.
Les bases dune entité nationale doivent être le résultat dun débat
inter-associations. Il est primordial daborder tous les paramètres nécessaires à
une telle mise en place. Il ne suffit pas de statuts ni dun bureau. Il faut un
accord autour de multiples points dont font partie léthique, la compétence, la
structure, les ressources, les termes relatifs à lorganisation inter-association,
les limites du pouvoir de la tutelle ainsi créé
Vos réflexions créeront le
débat ; à nous de savoir le mener à terme.