La Douleur (A.M.D.C.F. 44 ~ 07 juin 2001 - mise à jour 13 octobre 2003)
LIASP (International Association for the Study of Pain) définit la douleur comme étant :
"une expérience sensorielle et émotionnelle désagréable, associée à une lésion tissulaire réelle ou potentielle, ou décrite dans des termes évoquant une telle lésion."
I -Eléments intervenant dans le ressenti douloureux :
- Culturels : notre éducation détermine notre comportement face à la douleur et notre degré dacceptation de cette douleur.
- Médicaux : origine de la douleur (variable selon la pathologie causale) ; efficacité des traitements sur la cause (prise en charge de la pathologie causale ou de la cause de lapparition de cette douleur) ; efficacité des antalgiques sur la douleur elle même.
- Familiaux : la façon dont les proches perçoivent la douleur du malade agit sur la prise en charge de la douleur par le malade.
- Sociaux : selon que la douleur permet le maintien ou non dune vie professionnelle et sociale. Cet isolement peut être contraint ou inconscient ou volontaire.
II -Caractéristiques de la douleur :
Aiguë ou Chronique
Elle est : Elle est :
- Signal dalarme - Inutile
- Physique - Physique
- Utile - Destructrice
- Transitoire - Plurifactorielle
- Unifactorielle - Avec des conséquences psychologiques
- Socialement inacceptée
La douleur transite dans différentes structures du cerveau, elle crée
alors des émotions. Ces émotions peuvent être plus difficiles à gérer que la
douleur elle-même.
La douleur est donc lexpression symptomatique dun ressenti où se mêlent des données somatiques, psychologiques et environnementales.
Lorsque la douleur devient chronique elle va sinstaller hors du patient imposant une réorganisation de son environnement relationnel. Les relations familiales, professionnelles, sociales et amicales vont être investies différemment par le malade. A savoir que ces relations vont être à nouveau modifiées lors du soulagement de la douleur.
III -Intensité de la douleur :
Evaluation de lintensité :
Verbale , quatre termes principaux :
- absente
- modérée
- intense
- intolérable
Les échelles :
- visuelle : observation du malade
- analogique : par comparaison avec dautres causes de douleur mieux connues
- numérique : par une échelle graduée de 1 à 10
Lévaluation est complexe, elle est liée au caractère du malade avec des composantes anxieuses ou dépressives dont il faut toujours tenir compte.
Sur le plan strictement physiologique la douleur chronique constitue un stress épuisant qui, à lui seul, peut entraîner un état dépressif.
Lintensité compte moins que le caractère harcelant de la douleur. Cest le cas dans les maladies douloureuses chroniques (polyarthrite rhumatoïde, fibromyalgie, lombalgie...) où le moindre mouvement peut engendrer un stress douloureux. Il ny a pas de relation entre lintensité et létat de dépression, il ny a pas de lien clair entre la douleur et dépression.
IV -Agir contre la douleur :
La prise en charge du malade douloureux doit se faire sur un mode global.
Tout dabord : une bonne information du malade sur la ou les causes de sa douleur et sur les moyens à mettre en uvre pour lutter contre cette douleur. Ces moyens doivent être acceptés par le malade.
Cest la mise en place de réseau de prise en charge pluridisciplinaire avec la pratique dactivités variées et toujours adaptées.
Définir les objectifs :
- La prise en charge du malade douloureux ne veut pas dire la disparition de la douleur. Cest un équilibre quil faut trouver.
- Améliorer la fonction et la qualité de vie.
- Poursuivre des activités sociales et/ou professionnelles dans la mesure du possible.
- Aplanir les contentieux (avec la sécurité sociale, professionnels )
- Ne pas se polariser sur la seule amélioration de la douleur et en accepter les fluctuations.
Cela impose une approche pluridisciplinaire avec la clarification des objectifs en fonction des possibilités daméliorations immédiates ou plus tardives.
Bien savoir que la technique peut aider, cest un support à cette prise en charge mais cela ne signifie pas guérison.
Importance du dépistage précoce et mise en place des moyens pour lutter contre la douleur :
- Une rapide prise en charge du malade évite daccumuler du stress, des mauvaises habitudes comportementales, de se laisser dépasser par les émotions et confondre la douleur vraie avec la douleur ressentie. Cest à ce niveau que certaines personnes « fabriquent » de la douleur croyant être mieux comprises. Cest souvent linverse qui se produit, lirréalisme des propos devenant évident.
- Linformation du malade : toutes bonnes informations sur la douleur, les traitements, les différentes prises en charge adaptées et les possibles résultats sont bénéfiques.
- Lintervention des associations en vue de linformation de leurs adhérents (documentations validées par les algologues, réunions dinformation, rencontres et débats avec les médecins spécialistes), dans la pratique dactivités adaptées (sophrologie, gymnastique sensorielle, piscine, marche,...), pour lécoute (accompagnement psychologique) et les soutiens quelles peuvent apporter (gestion des dossiers socioprofessionnels, médico-légaux ).
- Un bon suivi qui balance entre efficacité et risque. Rester en relation avec son médecin pour discuter des avancées et des conséquences des traitements, médicamenteux ou non. Rien nétant parfait, surtout en ce domaine, il faut parfois tâtonner pour trouver et accepter ce qui nous correspond le mieux.
V -Traitements :
A : Traitements médicamenteux :
- Dés que possible
- Avant davoir (trop) mal ; si possible anticiper les crises.
- A sa dose ; ne pas moduler la prescription.
- Adaptés à lintensité de la douleur. Le produit qui correspond, à la dose efficace ou adaptée.
Lutilisation des médicaments doit être judicieuse ainsi que les techniques disponibles (familles de molécules, associations de différents produits, voies dadministration).
Les analgésiques périphériques de niveau I :
aspirine, paracétamol, AINS (Anti Inflammatoire Non Stéroïdien)
Les antalgiques de niveau II :
opiacés faibles ; le plus connu est la codéine associée au paracétamol.
Les antalgiques de niveau III :
opiacés forts, dont fait partie la morphine.
Certaines douleurs ne répondent pas aux antalgiques, quel que soit leur niveau I, II ou III.
On peut avoir recours à :
Certains antidépresseurs (amitriptyline, clomipramine, paroxétine ). Ils mettent, lorsquils ont une efficacité antalgique, une à trois semaines à se manifester.
Des antagonistes de la substance P.
Des antiépileptiques qui ont une action sur les douleurs neurogènes.
La prise en charge des composantes psychologique, émotionnelle, affective et comportementale de la douleur commence par une écoute attentive : pouvoir parler de sa douleur, se sentir reconnu peut déjà être un soulagement.
B : Traitements non médicamenteux :
- Rééducation fonctionnelle
- Entretien musculaire
- Etirements doux pour limiter les raideurs
- Massages en recherche déchauffement musculaire
- Relaxation
- Sophrologie
- Hypnose
- Acupuncture
- Marche modérée, vélo à allure modérée (ou vélo dappartement)
- Exercices adaptés en eau chaude (30 32° C)
- Eviter linactivité prolongée
Ces projets de soins se font dans le cadre dune structure hiérarchisée, ne pas tout faire en même temps, essayer une technique, puis une autre
C : Participent également à une atténuation du ressenti douloureux :
* Faire autrement, doser son effort :
Ergonomie : recherche du geste juste mettant en uvre une posture adéquate ; adaptation matérielle de son environnement familial et/ou professionnel ; utilisation doutils conçus pour limiter les efforts
Soutien de son entourage familial et/ou professionnel : ne pas avoir honte de demander ponctuellement de laide, plutôt que dattendre un soutien improbable puisque non sollicité
* Organiser sa vie, rechercher des dérivatifs :
Soccuper lesprit autant que possible : les activités à caractère culturel ou autre (lecture, musique, peinture, jeux de société, jardinage ou bricolage modérés, participation à un club, une association, ) permettent de se libérer pour un temps du ressenti douloureux, à condition de savoir sarrêter avant que la douleur et/ou la fatigue ne se manifestent.
* soulager le siège des émotions :
Eviter
autant que possible toute situation de stress (bruit, foule, conflits
« mineurs », isolement,
)
Faire appel à la parole
Savoir soctroyer des moments de repos, de détente.
Ces projets de soins sont pluridisciplinaires et doivent tenir compte des dimensions psychologiques de la douleur. Dans le cas de douleurs chroniques persistantes et non améliorées, la prise en charge psychologique est indispensable et simultanée aux techniques physiques.
Auteur « AMDCF
44 » / Mise à jour pour les conférences de La Chapelle-sur-Erdre (44)
des 13 et 14 octobre 2004 animées par les
Docteurs Plothéguer et Hénoux et lAMDCF 44
Site : http://amdcf44.free.fr